Mes années Bibsi : Un italiano a Beirut negli anni ’60
Foto originale Mario Click
MES ANNÉES BIBSI...
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Mes années Bibsi…
L’avion roule sur la piste d’envol, il fait moins douze (-12) à l’extérieur, un brouillard à couper au couteau et une humidité qui pénètre dans tes os à chaque mètre parcouru.
C’est mon premier voyage en avion, je me corrige, c’est notre premier voyage en avion à ma mère, mon frère et moi, ma mère a les mains qui agrippent les accoudoirs à en avoir mal, mon frère et moi on se regarde avec un demi sourire sur la bouche, en sachant toujours pas si on est excités ou préoccupés ou les deux à la fois, nous sommes pratiquement les seuls passagers à bord à l’exception du personnel navigant de bord.
Pour des raisons de travail de notre père on quitte Milan et l’Italie au tout début du mois de janvier 1963 sur un DC4 peut-être un DC6, je ne me rappelle plus très bien, en tout cas c’était un avion avec quatre moteurs à hélice, deux sur chaque aile, qui nous transporte de Milan à Rome où on doit prendre un Caravelle Alitalia pour le grand saut vers Beyrouth.
Papa blague avec le steward qui essaye non sans mal à détendre maman, elle est en apnée depuis qu’on est montés dans l’avion et nous ne savons pas si elle résistera jusqu’à Rome, il faut dire qu’en 1963 voyager en avion était un passetemps réservé aux étoiles du sport ou du cinéma et nous on était surtout des étoiles filantes…
La famille de maman est à l’église pour une messe qui a été demandée pour l’occasion, quand je dis famille j’entend par là la totalité de la famille, c’est-à-dire plus ou moins 24 personnes, maman étant la quatrième de dix enfants, à l’époque la télévision était une denrée très rare, et on a su par après que l’homélie dite par le prêtre était surtout axée sur l’arrivée de quatre bons chrétiens dans un pays remplis de toutes sortes de religions et de races, des missionnaires quoi!!
On est en retard, on risque de perdre l’avion pour Beyrouth et papa demande si le commandant de bord peut demander un délai supplémentaire et faire patienter l’avion pour Beyrouth, le temps qu’on arrive de Milan.
Maman, mon frère et moi sommes de plus en plus entre le blanc, le vert ou le bleu, on est malades comme pas possible tandis que papa boit un verre avec le steward, on ne sait plus si l’estomac se trouve à la même place que tout à l’heure, on nous donne les sacs au cas où.
On a même pas le temps d’atterrir que l’on nous pousse dehors avec une montagne de paquets, sacs et autres, l’avion pour Beyrouth nous attend depuis une bonne heure et les 130 passagers déjà à bord sont évidemment très contents d’arriver à Beyrouth une heure et demie en retard, on cours avec les hôtesses de terre qui nous attendaient et qui nous font passer le Check-in par la porte de derrière, on nous encourage à courir plus vite de tous les côtés, c’est la première fois de ma vie que je vois autant de monde à une de mes activités sportives, il y a plus de monde ici qui gueule qu’à un match de foot au “stade” derrière l’église de mon ex-quartier.
Le Caravelle décolle différemment du DC, les moteurs étants à l’arrière on voit le nez de l’avion qui se trouve au dessus de nos têtes après quelques secondes du décollage, sensations extraordinaires entre le “LAISSEZ MOI DESCENDRE!!” et “WOAHHH”, on reprend des couleurs et on vient juste de se rappeler qu’on a faim…
Maman va beaucoup mieux, nous idem, papa demande les plateaux repas pour nous aussi, le voyage est plus long et surtout moins bruyant, on ne se rend plus compte que l’on ne touche plus le plancher des vaches.
L’avion roule sur la piste d’atterrissage, on voit beaucoup de lumières dehors, c’est notre première nuit à Beyrouth et mon frère et moi on ne tient plus en place, on veut voir, on veut courir, on veut toucher, papa commence à sortir les grands yeux et dans ces cas là il vaut mieux faire ce qu’on te dit de faire.
Maman nous prépare, on est parti avec un moins douze à faire pâlir un ours polaire, on a le chapeau, l’écharpe, les gants, le pardessus doublé, les chaussures pour la neige, la chemise et la petite laine, on est prêts pour l’expédition au Pôle Nord sans aucun problème, on ressemble à deux bonhommes Michelin et on sent le regard des 130 passagers sur nous, on commence à transpirer, on est toujours dans l’avion.
On arrive pas a marcher tellement on est enveloppés, on descend les escaliers de la passerelle comme des pingouins, on transpire de plus en plus.
Il fait quinze degrés (+15) à Beyrouth et c’est déjà le soir, papa nous conseille d’enlever quelque chose, maman se fâche, c’est l’hiver et en hiver on se couvre même à Beyrouth, mon frère et moi on va exploser et après une mini réunion entre adultes on arrive à un compromis, on garde le chapeau mais pas les gants et l’écharpe, on transpire toujours…
La taille de la voiture qui nous attend à la sortie de l’aéroport laisse mon frère et moi comme deux pingouins devant une glace à la vanille, on a jamais vu une voiture américaine auparavant, sauf peut-être dans les films, on est dans le film, pas de doutes possibles, la radio parle une langue qu’on connait pas et chante une musique étrange, avec des tonalités complètement différentes des chansons qui sortaient de notre radio en Italie, on transpire de plus en plus.
Rue de Phénicie, immeuble à une dizaine d’étages avec un garage Peugeot en bas et une publicité énorme de la toute nouvelle “403”, le concierge nous donne les clés de l’appartement au sixième et en regardant maman, avec un grand sourire, il nous dit : “une chance que j’étais là aujourd’hui madame, j’ai ouvert le chauffage rien que pour vous!”…
CI HANNO SCRITTO