Kadicha

da | 01/07/2024 | CONCETTI E PERCEZIONI | 0 commenti

Foto scovata su di un sito in internet – Kadisha Valley

Ho pensato bene a ritrascrivere alcuni capitoli di un libro che ho in pratica appena finito di rileggere per l’ennesima volta e che mi era stato regalato da Siham, la seconda moglie di papà, purtroppo andata a vivere in un’altra dimensione. E, come da copione Webmaster & Co, ho desiderato farvi partecipi di alcuni dei capitoli del libro.
Il Libro si intitola « Dictionnaire amoureux du Liban » ed é stato scritto da Alexandre Najjar e pubblicato nel 2014 e ne avevo già accennato i contenuti e lo spirito stesso del libro a suo tempo. Ed é per questo che vi propongo una volta al mese uno dei capitoli del libro, capitoli che per tanti motivi riallacciano la nostra memoria collettiva a molti dei passaggi descrittivi del libro stesso.

Buona lettura e ditemi la vostra come sempre…

Diego

Er Webmaster..., SSB

Un capitolo al mese, uno spessore di Libano e Beirut che ricordiamo in tanti, uno sbalzo nel tempo che fu che spero proprio sia anche per voi la stessa “impronta” che per il vostro webmaster…

 

DICTIONNAIRE

AMOUREUX

DU LIBAN

 

Alexandre Najjar

 

Capitolo : Kadicha

Toutes les fois que j’éprouve le besoin d’un bain de spiritualité, je visite la vallée sainte appelée « Kadicha » (ou « Qadicha »), nom qui, en araméen, signifie « sacré ». A milieu des arbres, des ruisseaux, des cascades et des grottes, dans ce sanctuaire naturel où règne un silence de cathédrale, l’homme le plus aigri finit par tomber à genoux.

La Kadicha, à laquelle j’ai consacré un roman, n’est pas une vallée comme les autres. Dominée par une multitude de villages tels Kousba, Hadeth el-Jebbe, Hasroun, Bazoun, Bkerqacha, Bqaa Kafra (le village natal de saint Charbel), Hadchit, Blaouza, Kfar Sghab, Ijbaa, Aïto, Ban, Ehden et Bécharré (la ville natale de Gibran), elle a une superficie de 6 millions e mètres carrés, s’étend sur une longueur de 35 kilomètres et compte plus de quatre-vingts sites historiques. Inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco parce que ses monastères « sont les exemples survivants les plus significatifs de la foi chrétienne » elle a, au fil des siècles, servi de refuge à des milliers de chrétiens persécutés. C’est là, à Deir Mar Antonios Kozhaya, majestueuse abbaye incrustée dans le roc, devenue le premier siège épiscopal au temps du patriarche Estéphan Douaihy, grand érudit et historien de l’Eglise maronite, que fut imprimé, en langue syriaque et karchouné, le Livre des Psaumes de David sur l’une des premières presse en Orient, une stampa acheminée d’Italie par voie maritime, puis à dos d’âne, à l’initiative de l’évêque Sarkis Rizzi ; c’est là, dans le musée qui jouxte la grotte où autrefois on enchaînas les déments pour les guérir de leur folie, qu’on peut admirer une canne nacrée offerte par Saint Louis à la communauté maronite et un ostensoir en or et en platine, don de l’impératrice Eugénie, épouse de Napoléon III ; c’est plus haut, à Dimane, que se trouve la résidence d’été du patriarche maronite, flanquée d’une église décorée par le peintre Saliba Douaihy ; c’est là, non loin de Deir Kannoubine, monastère restauré par le père Youakim Moubarac, un prêtre exceptionnel qui vécut longtemps dans l’Hexagone où il s’attira la sympathie de nombreux Français, que se situe une chapelle dédiée à sainte Marina (f^tée le 17 juillet) qui se déguisa en homme pour entrer au couvent avant d’en être chassée à la suite d’une cabale sordide ; c’est là, enfin, dans les cavernes d’Aussi Haouka et d’assignats el-Hadeth où l’on a récemment retrouvé des corps momifiés, des haillons et des dizaines de civils tinrent tête aux Mamelouks avant d’en être délogés à cause d’une trahison…

« Toute la vallée des Saints ressemble à une vaste nef naturelle dont le ciel est le dôme, les crêtes du Liban les piliers, et les innombrables cellules des ermites creusées dans les flancs du rocher  les chapelles ! », nous dit Lamartine. Ce lieu magique accueillait en effet de nombreux anachorètes. L’un d’eux, François Gallaup de Chasteuil (1588 – 1644), quitta sa Provence natale pour y mener une vie érémitique. Très apprécié par la population qui souhaitait le voir patriarche (!), celui qu’on appelait « le solitaire du mont Liban » est enterré au monastère de Mar Licha. Sur sa tombe, une plaque en bois de cèdre comporte ce verset biblique :

Le juste pousse comme un palmier, s’étend comme un cèdre du Liban.

Plus à gauche, on peut également lire cette inscription en français :

Ermite du Liban, en ce tombeau gisant
Au ciel est sa demeure, heureux à Dieu plaisant.

Après la mort des deux derniers ermites libanais, Antonios Chayna, ancien supérieur de Kozhaya, et Antoun Tarabay, dont les dons divinatoire, attestés par des centaines de fidèles, sont troublants, il ne reste plus qu’un prêtre colombien, le père Dario Escobar. Né à La Estrella, en Colombie, en 1934, il renonce à la fortune de son père pour entrer dans les ordres. On lui confie bientôt une paroisse à Miami où il joue le rôle de conseiller conjugal. Sa collaboration avec un prêtre maronite, le père Tayah, l’encourage à tout abandonner pour se rendre au Liban. A l’aéroport où il fait escale, il est longuement interrogé par des agents de sécurité suspicieux : « Vous vous appelez Escobar comme le fameux trafiquant de drogue, vous venez de Colombie et vous vous rendez au Liban… Tout cela n’est pas très net ! » Arrivé enfin à destination, il devient lui-même maronite et enseigne quelque temps à l’université avant d’obtenir l’autorisation d’occuper un ermitage. J’ai visité sa cellule (une natte, un bloc de pierre en guise d’oreiller), son petit bureau doté, modernisme oblige, d’un ordinateur, ainsi que la chapelle dédiée à la Vierge où il prie, creusés dans le roc en un endroit difficile d’accès. Féru de football, le père Dario demande parfois aux visiteurs le classement du championnat espagnol : « Qui est premier, Barcelone ou le Real Madrid ? » Il se nourrit des fruits et légumes qu’il cultive dans son jardinet et qu’il a le plus grand mal à protéger des sangliers de passage. S’il est là, c’est parce que la lithurgie maronite lui plaît et qu’il se sent, dans la Kadicha, encore plus proche de Dieu. « C’est le lieu idéal pour la prière et la solitude, affirme-t-il. Ici, j’atteins une paix intérieure à laquelle ne renoncerai pour rien au monde ! »

Combien de temps résistera-t-il encore au froid de l’hiver et à la chaleur de l’été ?
Tant que ses yeux resteront ouverts, sans doute.

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